Pourquoi le bilan de compétences cartonne depuis la crise sanitaire

Par Delphine Bancaud pour 20 minutes

La crise du Covid-19 a poussé les Français à s’interroger davantage sur la suite qu’ils aimeraient donner à leur carrière

  • Avec la crise du Covid-19, de plus en plus de Français semblent tentés par une reconversion. Mais avant de se lancer, ils ont besoin de faire le point sur leur profil professionnel et leurs aspirations.
  • D’où un recours plus massif au bilan de compétences, comme le constate le ministère du Travail.
  • Une démarche passionnante qui porte généralement ses fruits, et qui incite les personnes à se former pour franchir un nouveau cap.

« Je travaillais dans le domaine du tourisme depuis douze ans. Avec le Covid-19, je me suis retrouvée au chômage partiel et le reste du temps, j’essayais de trouver des solutions pour rapatrier mes clients qui étaient à l’étranger. Ça a été très compliqué et j’avais du mal à voir le bout du tunnel. D’où ma décision de faire un bilan de compétences pour me reconvertir », témoigne Sophie. Comme elle, de plus en plus de Français ont effectué un bilan de compétences depuis le début de la crise sanitaire, ou s’apprêtent à le faire. « En 2020, 50.000 bilans ont été financés via le  compte personnel de formation (CPF), contre 33.000 en 2019. Et depuis le début de l’année 2021, 30.000 l’ont déjà été. Ce qui en fait la troisième formation la plus demandée », indique le ministère du Travail à 20 Minutes.

Un engouement qu’explique Sandrine Beaulieu, à la tête d’Acerola, un centre de bilan de compétences : « Cette période a donné plus de temps aux salariés pour réfléchir à leur vie, à leurs conditions de travail, à leurs aspirations. Surtout ceux qui sont en deuxième partie de carrière. Ce qui a conduit certains à vouloir changer de voie, et le bilan est la première étape pour cela ». « L’activité partielle et le télétravail ont permis aux actifs de se poser la question du sens de leur métier », complète l’entourage d’Elisabeth Borne, la ministre du Travail. Un déclic qu’a eu Alphonsine : « Cela fait dix ans que je suis garde d’enfants à domicile. Puis est venue la période du confinement. Je me suis remise en question plusieurs fois. J’ai fait un bilan de compétences pour avoir des réponses à ces questions et voir si, éventuellement, un autre métier en ressortait », répond-elle à notre appel à témoins.

« Le besoin de faire le point pour s’orienter vers un secteur en meilleure forme »

Cette remise en cause, certains y ont été contraints : « Les salariés dont le secteur d’activité a été fortement touché par la crise, comme l’aérien, l’hôtellerie-restauration, l’événementiel ou le commerce, ont ressenti le besoin de faire le point pour s’orienter vers un secteur en meilleure forme. Sans oublier ceux qui ont subi un licenciement économique », constate Sandrine Beaulieu. C’est le cas de Dorothée : « Je travaille actuellement dans la grande distribution. Mes rayons (maison/loisirs) ont été fragilisés par la crise. Par ailleurs, je n’ai aucune perspective d’évolution dans ma société et je ne suis plus en accord avec les décisions d’organisation de l’enseigne (automatisation des caisses, ouvertures les jours fériés et dimanches….). J’approche de la quarantaine et l’heure était venue pour moi de faire un bilan de compétences ».